Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un jour pour...
Archives
10 juin 2008

Interview de Renan Luce, épisode 2

3 mois après, j'ai enfin pu récupérer l'enregistrement de mon interview de Renan Luce et la retranscrire (ce qui prend fichtrement plus de temps que je ne le pensais).
La voici donc en avant-première pour vous, chers amis, sur mon blog:

Salut, pourrais-tu te présenter pour les quelques personnes qui ne te connaissent pas encore ? Quel genre de musique tu fais, comment tu décrirais ta musique ?

C’est de la chanson française, même si c’est un terme un peu vaste. J’ai surtout envie de raconter des histoires, les textes sont une dimension très importante dans mes chansons. Je commence souvent par réfléchir à ce que je veux raconter, même si la musique peut parfois venir avant.
Et puis après musicalement, j’ai pas mal d’influences folk. C’est un genre que j’écoute beaucoup, je m’accompagne et je compose à la guitare.

Justement, qu’est-ce que tu écoutais quand tu étais plus jeune ?

Enfant, j’écoutais beaucoup de chanson française parce que c’était ce qu’écoutaient mes parents : du Brassens, du Nougaro, du Trenet, Barbara…
Dans l’adolescence, c’était plus du rock et toute la scène française : les Têtes Raides, Noir Désir, Miossec…
Et puis aujourd’hui, c’est toujours beaucoup de chanson française mais c’est vrai que depuis quelques années j’écoute beaucoup de musique folk comme Johnny Cash…

J’ai lu que tu écoutes pas mal de Bob Dylan…

Oui Dylan c’est quelqu’un que j’aime beaucoup depuis un peu plus longtemps. J’aime bien le personnage et sa manière super brute de faire des chansons

Quand est-ce que tu as voulu te lancer ? A quel moment tu t’es dit que tu voulais être chanteur ?

J’ai vraiment envie de faire ça depuis que je suis enfant, j’en parlais déjà à la maternelle. Quand j’ai découvert le chant, j’ai tout de suite senti que c’était un genre dans lequel je n’avais pas besoin de me forcer. C’était assez naturel et ça représentait un moyen de communiquer qui m’allait bien.
Après cette découverte du chant, j’ai eu envie de faire de la musique. J’ai fait du piano puis du saxophone, mais toujours avec l’idée de faire un jour des chansons plus que « juste » de la musique.

Et tu as atterri à l’ESC Toulouse…

Oui, et ce n’est pas vraiment une erreur de parcours. Après avoir eut mon bac, je commençais à peine à écrire des chansons et à faire des concerts donc je ne me sentais pas de me lancer.
L’école de commerce m’a permis de m’investir dans des associations : au niveau artistique, on a organisé des spectacles. J’ai aussi fait un projet humanitaire : j’ai enregistré deux chansons à moi pour Madagascar. Ça me permettait de continuer à faire de la musique sans ne faire encore que ça.

Après l’ESC Toulouse, tu as directement bifurqué vers la musique ?

Non, en fait je suis arrivé à Paris pour mon stage de fin d’études chez un producteur de concerts. Je savais déjà que je voulais travailler dans ce milieu.
J’ai commencé à faire des rencontres : avec un éditeur chez Universal, avec mon manager… J’ai commencé à jouer plus souvent et donc j’ai arrêté de travailler pour m’y consacrer entièrement.

Tu as rencontré Bénabar…

Oui j’ai rencontré Bénabar un petit peu après et j’ai fait une quinzaine de premières parties avec lui. Entre temps, j’avais aussi rencontré ma maison de disque donc tout s’est lancé assez vite : une fois que je suis arrivé à Paris, il a fallu 2-3 ans (jusqu’en 2005) pour que ça devienne vraiment très concret.

C’est à cette époque que tu as pu perfectionner ta technique du live ?

La seule expérience que j’avais c’était des petits concerts avec ma guitare dans des bistros. Je jouais assez peu régulièrement, je ne me sentais pas trop d’appeler et de démarcher les salles. C’est pourquoi ça a été important de rencontrer des gens qui faisaient ça pour moi.

Comment tu te considères vis-à-vis de Bénabar ?

Fatalement, il a une grande influence sur moi. C’est un des premiers artistes que j’ai rencontré puis côtoyé. Sa manière d’appréhender les concerts et les tournées me sert beaucoup. Il est très humain avec son équipe, il ne marque pas de distance entre les gens et c’est important pour que la tournée se passe bien.

Qu’est-ce que tu retiens de cette tournée avec Bénabar, dans laquelle tu jouais en première partie ?

C’était mon premier contact avec un public très nombreux. Ca m’a beaucoup servi pour rencontrer des gens qui m’ont suivi ensuite et sont venus à mes propres concerts.
Et puis il y a eu l’apprentissage de la tournée, la rencontre avec les musiciens, avec toute l’équipe…

Tu as donc fait de belles rencontres dans ce milieu ?

Oui c’est vrai, on pense souvent que c’est un milieu de requins mais j’ai la chance d’être entouré de gens qui s’entendent bien, que ce soit mon éditeur, mon tourneur, ma maison de disques… Ce sont des gens très sains, il n’y a pas de prise de tête, juste l’envie de bien travailler en s’amusant.
Pour ce qui est des autres artistes, la chanson française est un monde assez solidaire.

Y a-t-il des gens avec qui tu aimerais travailler ?

Pas forcément avec d’autres chanteurs pour faire des duos, à moins que je pense à une chanson qui nécessite un duo. Par contre peut-être des collaborations avec des réalisateurs, par exemple celui qui a travaillé et joué avec Yaël Naïm.

Tu as déjà fait des duos, avec Emily Loizeau par exemple, qui est d’ailleurs nominée face à toi aujourd’hui.

C’est vrai et j’adorerai qu’on ait tous les deux une Victoire, j’adore cette fille.
Pour les duos, ça arrive lors de concerts à Paris, c’est plus facile puisque la plupart des artistes habitent là. Ca fait plaisir au public et nous on s’amuse bien.

Tu as sorti ton premier album en 2006 et il sera bientôt double disque de platine. T’attendais-tu à un tel succès ?

Je savais que les échos étaient bons alors je me disais que ça pouvait « marchotter », que je ferai une jolie tournée dans des petites salles. Mais c’est vrai qu’il y a eu un engouement depuis l’été dernier auquel je ne m’attendais pas. Je vais de surprise en surprise, je n’ai eu que des bonnes nouvelles depuis quelques mois.

Est-ce que ce succès a changé quelque chose dans ta vie d’une manière générale ?

Pas vraiment j’espère. Fatalement je suis plus fatigué, j’ai plus de pression parce que je sais qu’il y a plus d’oreilles qui attendent la prochaine chanson, mais c’est plutôt encourageant. Pour le reste, je profite.

Ta tournée t’as emmené en Belgique, en Suisse, au Québec et en France. As-tu vu des différences au niveau de l’accueil, de ton public ?

Ce n’est pas si marqué que ça, ça dépend surtout des soirs. Il y a des régions où il y a une super ambiance, en particulier en Bretagne puisque j’en suis originaire, mais ça dépend surtout beaucoup de nous, de ce qu’on donne sur scène. Souvent, un concert se joue au début, on sent assez vite de quel type le public va être.

Donc il n’y a pas vraiment de différence entre les pays ?

Au Québec, c’était une découverte pour le public, il était très attentif et il participait beaucoup. En Belgique, les gens étaient très chaleureux. En Suisse, dans les petites salles, c’était assez calme. Voilà, on ne peut pas vraiment tirer de généralité sur les publics, c’est plutôt à nous de mettre l’ambiance.

Quels sont tes souvenirs de l’Olympia ?

C’est un lieu mythique. Je pense à tous les gens qui y sont passés… Et puis il se passe un truc bizarre dans cette salle, il y a quelque chose de super énergique. Elle est très bien conçue, grande mais on sent les gens super proches.

Comment envisages-tu les Victoires de la Musique ce soir ?

J’aimerais bien en avoir une parce que ça fera plaisir à tout mon entourage, et à moi aussi bien sûr. Je me connais, je sais que je vais me prendre au jeu dès que je serai dans le Zénith et que tout le monde va me parler de ça. Mais je peux très bien passer à côté et ça ne sera pas un drame. Ca va être assez intimidant alors j’essaye de l’aborder de manière assez détendue, de me dire que j’ai de la chance d’être là.

Tu es nominé dans 3 catégories : artiste révélation du public, artiste révélation scène et album révélation de l’année. C’est assez énorme d’obtenir la reconnaissance de ses pairs…

Oui, c’est incroyable. Je ne sais pas ce qui fait le plus plaisir, si c’est le public ou les professionnels. Le public c’est touchant, parce que c’est une preuve sincère du fait qu’il adhère aux chansons. Et avec les professionnels, il y a un petit peu d’orgueil dans le fait de savoir ce que pensent les collègues de ce qu’on fait. C’est peut-être une part moins importante mais elle fait du bien au moral.

Quels artistes écoutes-tu en ce moment ?

En France, il y a pas mal de petits jeunes comme moi que j’écoute beaucoup : Daphné, Benoit Dorémus… Sinon, j’écoute beaucoup Elvis Perkins, qui est un chanteur folk que j’adore.

As-tu déjà eu envie d’explorer d’autres domaines artistiques ?

L’écriture me plait bien, d’une manière générale. Peut-être qu’un jour je m’amuserai à écrire une nouvelle, un scénario… Pour l’instant je n’ai pas envie de trop m’éparpiller parce que je sais que j’ai du mal à faire plein de trucs à la fois.

Est-ce que tu te verrais faire autre chose ?

Maintenant que j’ai goûté à la chanson, je pense que je me sentirai un peu triste si je devais faire autre chose. Quand j’ai commencé à travailler à Paris, même si c’était dans le milieu artistique, j’étais dans un bureau et je me sentais beaucoup moins épanoui. D’ailleurs on se faisait la réflexion hier dans le bus avec toute l’équipe, on se disait qu’on avait de la chance de rencontrer tous les jours des personnes différentes, de se réveiller dans des villes différentes…

D’où vient ton inspiration pour les textes que tu écris ?

C’est variable, la plupart du temps ils sortent simplement de mon imagination. Je m’amuse à rêver et je pique dans des rencontres que j’ai faites, des lieux que j’ai vus. Je les caricature un peu pour en faire une histoire, un peu comme un conteur. Si je veux parler d’un sentiment par exemple, j’essaye de le situer dans un lieu, avec des personnages.

Quel est ton processus d’écriture ?

D’abord la période de réflexion qui est assez ludique, où je m’amuse à chercher des idées. Puis vient la période un peu plus laborieuse où il faut travailler la forme, les rimes, la structure de la chanson que je construis comme un puzzle. Souvent j’ai une idée, je sais ce que je veux raconter mais il y a plein de manières de le faire pour que tout s’imbrique bien. Il faut essayer de faire en sorte que les rimes soient riches, que les images soient efficaces. Il faut être à la fois précis et poétique.

Qu’est-ce qui te plait le plus entre l’écriture et l’enregistrement en studio, et la scène, la tournée ?

J’adore avoir fini une chanson dont je suis vraiment content. La tournée, c’est l’adrénaline et les rencontres et je ne pourrai jamais m’en passer. En studio, le côté artisanal est agréable, avec la construction minutieuse d’un petit objet qui nous plait. Ce sont trois étapes indispensables qui se complètent. Ma préférence irait quand même à la tournée, parce que c’est ce qui « remplit » le plus.

Pour finir, as-tu un nouvel album en préparation ?

J’ai quelques nouvelles chansons finies, que je teste déjà sur scène. Et puis je continue à écrire, j’ai plein de bouts de chansons dans mes carnets.
On finit la tournée le 24 mai, je vais d’abord prendre un peu de vacances et me mettre au calme pour essayer d’enregistrer à la fin de cette année et sortir un nouvel album l’année prochaine. Je sais que la tournée va me manquer et que je vais avoir envie de repartir au plus vite.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
je decouvre ton blog avec beaucoup d'enthousiasme! il est vraiment chouette et très intéressant!bravo bises Céline
Un jour pour...
Publicité
Publicité